Mission d’investigation des flambées de cas de paludisme sévissant au Burundi.
Face à une augmentation anormale du nombre de cas de paludismes rapportés par le Ministère de la santé publique et de la lutte contre le SIDA du Burundi, l’OMS a déployé une équipe d’investigation composée d’experts afin d’évaluer l’ampleur, les facteurs qui entretiennent les flambées persistantes depuis la 39 ème semaine de l’année 2016.
La mission conjointe d’assistance technique de IST CA-AFRO composée de quatre experts avec compétences en entomologie, suivi évaluation, prise en charge de cas et gestion des données a été effectuée du 19 au 27 Janvier 2017 et a complété le travail préliminaire des consultants nationaux recrutés et déployés sur le terrain par l’OMS pour collecter les données additionnelles dans les provinces les plus touchées.
Sur base d’une revue documentaire, l’analyse des données existantes, les concertations avec le MSPLS et les partenaires, la collecte de données additionnelles au cours des visites de terrain (BPS/BDS, Hôpitaux, CDS, communautés) dans les provinces du nord et centre ainsi qu’un atelier d’exploitation des données et élaboration du rapport, il ressort que le Burundi fait face une épidémie de paludisme de grande ampleur, affectant particulièrement les districts sanitaires des provinces du nord, centre et Est.
Parmi les actions ponctuelles initiées par le MSPLS en collaboration avec des partenaires figure une (i) l’aspersion intra domiciliaire ciblée dans 4 communes (Tangara, Kiremba, Nyamurenza, Marangara), (ii) une campagne de distribution des MILDA aux groupes spéciaux (écoles à internat, camps militaires, prisons, couvents, etc), (iii) les initiatives locales de certaines provinces de renforcement de la prise en charge à travers des cliniques mobiles. Par ailleurs, une négociation avec les partenaires est en cours pour garantir
la reconstitution des stocks, notamment avec le FM, USAID, UNICEF et les ONG. La mise en place d’une task force sur la surveillance et riposte constitue un important atout.
Les déterminants probables de cette situation sont des facteurs liés aux changements climatiques dans un contexte marqué par un phénomène El Nino qui touche la sous-région. Ces aléas climatiques expliquent aussi
l’aggravation de l’insécurité alimentaire, suivi de d’une augmentation du taux de malnutrition sévère dans les provinces touchées par l’épidémie de paludisme à l’image de Kirundi où le seuil d’urgence est dépassé. Par ailleurs, dans le cadre de la lutte contre l’insécurité alimentaire, le Burundi est en train d’étendre la riziculture dans les zones de haute altitude ce qui favorise la multiplication des vecteurs du paludisme. Le paludisme qui sévissait particulièrement dans les zones de basse altitude a gagné peu à peu les zones de haute altitude où les populations ont une immunité collective relativement faible. La distribution de masse de MILDA conduite en 2014 a eu un impact de très courte durée. La faible couverture des interventions de prévention, le retard de détection, une riposte timide et tardive expliquent l’étendue et la durée de l’épidémie.
Les recommandations à court terme sont entre autre : (i) élaborer un plan de riposte national suivi de plan de riposte au niveau de chaque province et de chaque district touché par l’épidémie, (ii) Elaborer un plan de communication pour chaque niveau de la pyramide sanitaire, (iii) Réviser la politique de prise en charge pour préconiser le traitement de masse en cas de recrudescence des cas et organiser des campagnes de traitement de masse ciblé sur les zones affectées, (iv) Intensifier la distribution des MILDA de qualité imprégnée avec un produit efficace, (v)Mettre en œuvre la PID là où elle est applicable, (vi) Mettre en place un système de rapportage hebdomadaire sur les niveaux de stocks des intrants au même titre que les cas et les décès.
Au cours de la réunion de restitution, les participants se sont réjoui de cette mission et souhaité l’accompagnement de l’OMS dans la gestion de cette épidémie. Il a été noté que la déclaration de l’épidémie par le MSPLS serait une option pour déclencher la mise en œuvre des mesures de riposte préconisée dans une telle situation et de mobiliser plus de ressources.
La Ministre en charge de la santé reconnait que la situation est préoccupante et que la recrudescence a entrainé une augmentation de la demande en transfusions sanguine, d’où le besoin d’un appui à ce domaine. Elle a promis de suivre de près cette situation, notamment en s’assurant que les moustiquaires distribuées parviennent aux bénéficiaires. Elle a demandé à l’OMS de redoubler plus d’efforts dans l’accompagnement du MSPLS dans cette période cruciale.
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Pour plus d’informations, veuillez contacter :
Dr KAZADI MULOMBO Walter /WR, e-mail : kazadimulombow [at] who.int
Dr BAZA Dismas /NPO MAL, e-mail : bazad [at] who.int
Dr Denise NKEZIMANA/ HPR a.i. e-mail : nkezimanad [at] who.int